Thursday, March 24, 2005

La bas au bout du Monde

La bas au bout du Monde c'est un ailleurs qui pourrait etre ici mais qui nous depayse a mesure qu'on s'eloigne de nos vicissitudes quotidiennes. C'est un petit sentier qui serpente sur la corniche et surplombe une crique ensoleillee aux 4 vents. On y arrive apres des heures d'aeroport et de voiture de location. Ainsi la technologie humaine s'est industrialisee pour me permettre d'admirer a prix casse ce que la nature a trace d'un toussotement de volcan il y a des siecles, quand je n'etais meme pas a l'etat de projet pour mes parents. Ici on commencerait a croire en un Dieu, tant de magnificence laisse croire que la main d'un Dieu ou une Deesse a sculptee ce paysage magnifique qui se perd a l'horizon. Si la main d'un Dieu est capable d'une telle beaute alors suis je dans une Eglise a ciel ouvert ? Mais si c'est vrai ou sont les Dieux qui pourraient reparer ce que les hommes prennent un malin plaisir a defigurer ? Je ne suis pas ecolo mais plus le temps passe et plus je ressent ce sentiment d'impuissance et d'admiration devant ces oeuvres qu'une main experte a taille a coup de burin. Tandis que je serpente sur le sentier, ma petite Nissan refroidit son moteur a l'ombre. J'attends et j'ecoute le vent. De la falaise, au loin les bateaux se perdent dans la brume et mon esprit se repose. Ici pas de Raffarin, pas de JT de 20h, pas de cactus moderne, seulement la nature, le vent, la mer, les oiseaux. Ca doit etre ca la vraie vie, une cahute au bord de l'eau, un hamac, et puis la nature a l'etat brut. Agulo. Village du bout du Monde...

Marcel.

Wednesday, March 23, 2005

Le Chomage

Je ne suis pas un grand expert et je n'ai pas loin s'en faut tous les diplomes et titres de noblesse dont se vantent tous les experts mediatiques qu'on entend a longueur d'antenne.
Par contre, j'ai un atout, je travaille depuis presque 20 ans et surtout, j'ai ete chomeur, de longue duree meme, et j'ai meme ete en fin de droits aux assedics et j'ai meme le souvenir d'avoir rempli le dossier RMI. J'ai travaille au noir pour bouffer, sur les chantiers, sous la pluie, dans la poussiere, c'est pas du Zola c'est une realite, point barre. Une realite d'hier et d'aujourd'hui.
Le RMI ce n'est pas un titre de gloire, et je prefererais ne pas en parler, mais je pense savoir de quoi je parle quand il s'agit du chomage et du ticket qu'on prend au guichet la tete basse...
Le probleme c'est que le chomage conjoncturel du style 3-4 % lie a l'evolution de l'economie, ca ne derange pas grand monde. Mon pere pourtant d'origine etrangere a connu l'epoque ou les entreprises venaient vous chercher a la sortie de l'ecole. C'etait dans les sixties, et la societe n'etait pas aussi dure et anxiogene. Depuis 25 ans on est autour de 10% 'officiellement' mais chacun sait que les tripatouillages des chiffres et l'exclusion des chomeurs essayent de masquer une realite plus proche des 15-17 %. Et cela sous la droite comme sous la gauche, a part l'episode Jospin ou effectivement les emplois jeunes et la croissance An2000 ont dope l'emploi. Mais le traitement social du chomage ne resout rien durablement, il attenue la douleur pour quelques temps, deshabillant Pierre le contribuable pour habiller Paul le chomeur.
La realite c'est que le patronat ne joue pas le jeu gagnant-gagnant. Le Medef veut le beurre et l'argent du beurre et le sourire de la cremiere au seul benefice de l'actionnaire. Le Medef n'est pas un lobby d'entrepreneurs mais un lobby de financiers au service des actionnaires, et seulement des actionnaires. A une epoque si on ne consommait pas on etait un mauvais francais, il y aurait beaucoup a dire sur le patriotisme du Medef...
Or le Medef tire les ficelles des pantins de droite comme de gauche, liberaux ou pas. Normal, pendant des annees les entreprises ont finance les partis politiques, et ca continue en douce.
Donc le patronat conservateur veut des gros dividendes pour ses actionnaires, donc les salaries se brossent. Mais ces salaries il faut bien les faire bosser un maximum surtout si on diminue la masse salariale en licenciant. Pour faire cravacher ceux qui restent, il y a le management par la peur. Qu'est ce qui peut bien foutre durablement les jetons aux salaries ? Perdre leur emploi. Non ?
La pire des peurs c'est celle du lendemain, de l'avenir, et statistiquement les salaries Francais sont tres inquiets, nous sommes tres consommateurs d'anxiolitiques, sans parler du tabac, de l'alcool et de la dope qui creusent le deficit de la secu, il y a une raison de fond a cela.
Pourquoi nous avons peur ? Parce que le chomage et la precarite augmentent innexorablement malgre les raffarinades, les discours et les empilements de textes et la multitudes d'exonerations et aides a effets d'aubaines pour les employeurs. Pourquoi les gens ont peur ? Parce que les salaires des chanceux qui bossent sont bloques par un pretexte vicieux, la faute aux 35 heures qui si elles sont imparfaites n'ont en rien diminue les dividendes des actionnaires et on permis l'annualisation du temps de travail c'est a dire la fin des heures supplementaires payees, mesure demandee par les patrons en contrepartie des supposees pertes de productivite, on voit ici a mauvaise foi liberale imputer la responsabilite de la perte de pouvoir d'achat a une mesure detournee de son but initial, creer de l'emploi, les heures ainsi recuperees ne sont plus 'employables' grace a ce tour de passe-passe patronal glisse dans la corbeille de la nego et gobe par des socialos naïfs. Les liberaux sont les premiers a pleurer et a demander de l'aide a l'etat providence, quand ca les arrange, nationaliser les pertes, privatiser les profits...
En fait les salaires sont bloques pour permettre de distribuer un maximum de dividendes aux actionnaires, c'est tout. Demandez a un patron quelles sont ses priorites, jamais il ne vous dira l'emploi, il vous parlera de son obsession, l'actionnaire, donc il vous parlera de marches, de capitaux, de productivite ect....mais d'emploi, que nenni !
Pourquoi les gens ont peur ? Parce que le chomage flingue les familles, separe les couples, detruit les vies. Le chomage est une plaie ouverte.

Alors pourquoi le chomage ne recule pas ?
La reponse est simple : parce qu'il faut du chomage, IL LE FAUT.

Vous pensez bien que depuis le temps si les decideurs avaient voulu reduire vraiment le chomage ils se seraient serieusement penche sur le probleme.

Mais voila, LE CHOMEUR EST LE MEILLEUR ALLIE DU PATRON FRANCHOUILLE.
Et le vrai patron en France, c'est le Medef, ex CNPF. Les politiques ne sont que des pantins.

Pourquoi le chomeur est l'allie du patron ? Parce que le chomage fout la trouille et ainsi les salaries sont tentes de la boucler dans leur coin, acceptant silencieusement les conditions du patron. Comme les salaries ont la petoche et un petit salaire bloque, ils ne consomment pas ou tres peu, preferant epargner le peu qui reste en prevision des coups durs. Du coup la croissance basee sur la demande interieure stagne voir regresse (au contraire des USA), les impots rentrent mal, la recherche fondamentale n'est pas financee, les fonctionnaires pas remplaces ou remplaces par des contrats precaires et le chomage augmente... La boucle est bouclee.
Donc on n'est pas pret d'avoir un chomage en baisse ailleurs que sur le papier et dans les medias.
Medias controles par qui ? M'mmm ! Je vous le donne en mille Emile.
Le management par la peur ca marche toujours, les bonnes vieilles methodes droitieres ont fait leur preuve. Il y a pire que le liberalisme, c'est le liberalisme matine de sauce Frenchie. CQFD.

Marcel.

Friday, March 18, 2005

Directive Bolkenstein

Etant informaticien en SSII donc corveable a merci dans un systeme liberal ou l'offre et la demande font office de loi je suis en premiere ligne sur cette question comme pleins de mes collegues. Je suis donc relativement inquiet. Aussi j'ai lu en partie le projet de traite constitutionnel europeen et rien ne m'a rassure sur le futur dumping que ne manquerait pas de provoquer l'application de cette directive. Connaissant la mentalite predatrice et les priorites actionnariales de nos patrons franchouilles et surtout au vu de la reaction de Seilleire doublee du silence approbateur de Sarkozy, je m'inquiete, je vois les gros nuages se profiler a l'horizon. Demain le cout de ma prestation sera en concurrence directe avec celui de travailleurs Europeens non soumis aux memes regles sociales donc fatalement moins chers a qualite au moins egale au demeurant (les informaticiens de l'Est sont tres bons et ils ont faim), donc je serai virtuellement mort. Aujoutons a cela le contrat de chantier, la fin du CDI ect...proposee par Sarkozy et donc probable pour 2007, alors la un gars comme moi n'aura plus que ses yeux pour pleurer. L'harmonisation sociale se faisant par le bas on voit bien que la construction Europeenne est pour le moment ultraliberale a sens unique.
Parcourant le texte du traite j'ai cherche ce qui pourrait me proteger de ce dumping social et je n'ai rien trouve sauf ce qui suit :

ARTICLE III-133
1. Les travailleurs ont le droit de circuler librement à l'intérieur de l'Union.
2. Toute discrimination, fondée sur la nationalité, entre les travailleurs des États membres, en ce quiconcerne l'emploi, la rémunération et les autres conditions de travail est interdite.
3. Les travailleurs ont le droit, sous réserve des limitations justifiées par des raisons d'ordre public, de sécurité publique et de santé publique:

a) de répondre à des emplois effectivement offerts;
b) de se déplacer à cet effet librement sur le territoire des États membres;
c) de séjourner dans un des États membres afin d'y exercer un emploi conformément aux dispositions législatives, réglementaires et administratives régissant l'emploi des travailleurs nationaux;
d) de demeurer, dans des conditions qui font l'objet de règlements européens adoptés par la Commission, sur le territoire d'un État membre, après y avoir occupé un emploi.

4. Le présent article n'est pas applicable aux emplois dans l'administration publique.

Evidemment le point 3-c) ne me rassure guere aussi pour le moment faute de mieux je voterai NON ! Je n'aurai pas a me forcer, simplement a me laisser porter par ma mefiance naturelle aiguisee par des annees d'arnaque politique...

Marcel.